Pendant des décennies, on a confondu intelligence et capacité cognitive. Les tests de QI ont installé cette confusion au cœur des représentations collectives, en mesurant principalement la pensée raisonnante, l’une des colonnes de la philocognition.
Comme beaucoup de mes pairs, j’ai longtemps associé l’intelligence à cette intensité intellectuelle : la facilité à raisonner, la rage de penser, la curiosité insatiable que l’on retrouve chez les profils dits “à haut potentiel”. Mais cette équation apparente s’est fissurée au fil de mes recherches.
La philocognition est un superpouvoir cognitif, pas l’intelligence elle-même. On peut avoir un moteur de Ferrari sans jamais prendre la route. L’intelligence n’est pas ce que l’on possède, c’est un état que l’on atteint. Un état dynamique entre une personne et un environnement, qui permet aux capacités de se manifester pleinement et de produire un effet tangible sur le monde.
Cet état fluctue :
Antiphase : on est en décalage, nos capacités restent muettes.
Compétence : on s’ajuste, on répond correctement à l’environnement.
Performance : on entre en résonance maximale, tout s’aligne, la singularité s’exprime avec éclat.
Dans mes conférences, j’explique comment cette redéfinition change radicalement notre manière d’évaluer, d’accompagner et de développer l’intelligence. Je montre en quoi la psychologie et les neurosciences permettent de distinguer les capacités (philocognition, raisonnement, haut potentiel) de l’intelligence véritable (état dynamique, incarné et fluctuant), et pourquoi cette distinction est essentielle dans l’éducation, la clinique, la recherche et la stratégie humaine.
Et l’intelligence artificielle, est-elle « intelligente » ?

L’émergence de l’IA nous oblige à repenser ce que nous appelons intelligence.
Dans le discours ambiant, on la compare à nous sur le terrain du raisonnement logique, qu’elle maîtrise déjà mieux que nous. Elle calcule plus vite, anticipe mieux, apprend plus vite. Mais penser ne se limite pas à prédire du texte ou à optimiser des réponses.
Selon ma définition, une entité est intelligente lorsqu’elle est en phase avec ce que son environnement attend d’elle. Une IA peut donc être intelligente… ou pas. Si elle s’ajuste, elle est intelligente. Si elle ne le fait pas, ce n’est qu’un produit mal calibré, quelle que soit la puissance de ses algorithmes.
L’intelligence humaine repose sur autre chose : elle est incarnée. Elle s’appuie sur le corps, les émotions (amygdale), le ressenti (insula), l’état interne (nerf vague). Elle se forme dans l’action, dans les boucles perception-action et dans l’erreur vécue, qui produit des signaux d’apprentissage uniques.
Dans ces conférences, je montre comment la psychologie et les neurosciences éclairent la différence fondamentale entre IA et intelligence humaine. Et surtout, comment l’IA peut devenir un sparring partner intellectuel exceptionnel, capable d’amplifier notre intelligence plutôt que de l’atrophier, à condition de la maintenir à la bonne place : celle d’un partenaire, pas d’un substitut.
Ces interventions s’adressent aux dirigeants, chercheurs, éducateurs, cliniciens et innovateurs qui veulent dépasser les clichés pour penser l’avenir avec lucidité, exigence et puissance conceptuelle.